| CAMEROUN Après sa sortie nationale Fanta agite lopinion Henri FOTSO Le premier long métrage de Joséphine Bertrand-Tchakoua vient de passer au pays. Jamais un film camerounais na suscité tant de polémique.
Le cinéma camerounais est souvent au centre de débats les uns plus doctes ou profanes que les autres. Rarement il avait cependant suscité tant de polémique. Dans le fond ou dans la forme. Fanta, le premier long métrage (1h15) de Joséphine Bertrand-Tchakoua qui est passé au Bonapriso et à lEden à Douala début décembre, après le Capitole à Yaoundé une semaine plus tôt, fait désormais partie de ces films qui délient les langues et alimentent les chroniques. Un observateur présume quil fera encore plus parler de lui dans les sociétés occidentales. Quest-ce qui peut donc sous-tendre cet état de fait? Lintrigue du film qui tourne autour du mariage mixte et pose des problèmes de vie communautaire, comme diraient les Mauriciens? Le style de réalisation qui est français? Ou lesprit de réalisation qui est africain? Lagitation autour de Fanta réside en partie dans ces interrogations. Et déjà, ces interrogations traduisent la véritable capacité de Joséphine Bertrand à faire la synthèse de ses écoles de vie et dart, qui relèvent de deux mondes, lEurope et lAfrique, pour en faire ressentir les influences dans son oeuvre cinématographique. En dautres termes, les débats et polémiques autour de Fanta relèvent et participent de la dynamique de pénétration sociale de ce film. La nationalité du film En le regardant, en effet, certains spectateurs se sont crus face à un film français, tant le style est marqué par la préséance du texte sur laction et charrie de nombreuses subtilités linguis-tiquement françaises, tant les personnages français y fourmillent, tant les décors y sont français. Aussi la seule affiche de Fanta a-t-elle suffi pour donner limpression dun film français à Claude Noumédem, un opérateur économique du monde rural de passage à Douala. Il sétonnera en rencontrant Joséphine Bertrand-Tchakoua: Vous êtes une Camerounaise? Moi je ne pouvais pas mimaginer que la réalisatrice de Fanta était une Camerounaise ... Normal. Le film a été tourné en France, par un pur produit des écoles françaises de cinéma et de comédie, avec des comédiens français pour la plupart,etc. Dans les débats et polémiques daprès-projection, daucuns voudraient bien voir le film continuer. Et une spectatrice de déclarer au sortir du Bonapriso le 8 décembre: Cest formidable. Je nen reviens pas. Je nai pas vu le temps passer. Joséphine doit tourner Fanta II pour quon voie si Lucas lui achètera la machine à écraser le jansan et ce que doit devenir leur Union, ainsi que le contrat dédition de son mari , En tout cas, il faudrait davantage didées pour un tel scénario et au moins cent millions de francs CFA dinvestisement. Quarante un an après lindépendance du Cameroun, Fanta, projeté pour la première fois au Burkina Faso lors du Fespaco 2001, est le premier long métrage camerounais réalisé par une femme, qui fait le tour des salles du pays. Cest un exploit: En soutenant donc Joséphine dans son aventure, nous aiderions le cinéma camerounais , a conclu le 8 décembre Jean Jacob Nyobè, délégué provincial de la Culture pour le Littoral, parlant au nom du ministre de la Culture empêché. Le film revient en février 2002, en principe, pour une tournée dans les dix provinces du Cameroun.
Le Messager copyrights messager@wagne.net |