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Article paru dans le N°431 d'AURORE PLUS (Douala - Cameroun) | |||
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JOSEPHINE BERTRAND-TCHAKOUA
«Le cinéma camerounais n'a même pas encore commencé»
Cinéaste camerounaise résidant à Paris, Réalisatrice du long métrage «Fanta» qui passera sur les écrans camerounais dès novembre 2001, Joséphine Bertrand-Tchakoua parle de son tout premier film, du cinéma camerounais et des futurs cinéastes du pays.
ENTRETIEN REALISE PAR
Aurore Plus : Depuis deux années, on ne vous a pas vu au Cameroun. Que faisiez-vous et ou étiez-vous? Joséphine Bertrand-Tchakoua : Cela fait exactement deux ans que je ne suis pas venue au pays Simplement parce que je préparais mon premier long métrage, qui s'intitule "Fanta". C'est un film d'une heure quinze minutes, qui porte sur une comédie urbaine, entièrement tourné à Paris. C'est vrai qu'entre la préparation, le tournage, la post-production, le laboratoire et tout, il y a beaucoup de temps qui s'écoule. C'est la principale raison de mon absence au pays pendant deux ans. A.+ : Cela fait plus de deux semaines que vous êtes au pays. C'est pourquoi exactement ? J. B-T. : Comme le film est terminé, je suis là pour le présenter aux Camerounais. Déjà, j'ai signé un contrat d'exploitation avec Ciné-News. Le film va sortir au cinéma le Wouri à Douala. à l'Abbia à Yaoundé, aussi à Bafoussam bref dans tout le circuitCiné News. "Fanta' a été sélectionné au FestivaI de Ouagadougou (Fespaco 2001). Après ce festival j'ai signé un contrat de distribution avec la Société Nationale de Distribution du Cinéma au Burkina Faso Cette société a programmé le film début août 2001 Actuellement le film passe a Ouagadougou dans les salles. Je suis donc au pays pour présenter le film A.+ : Comment est ce que le public de Ouagadougou a réagi face a votre film ? J. B-T. : Très bien. Très très bien. Je pense que le public camerounais va aussi réagir comme celui du Burkina Faso. Parce qu'en fait le film a d'abord été sélectionné au Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou ( Fespaco) 2001. C'est la réaction du public qui a incité la société de distribution à Ouaga, à signer un contrat avec moi. Si la réaction du public n'avait pas été positive pendant le festival, je n'aurais pas eu ce contrat de distribution, J'espère qu'au Cameroun la réaction sera plus intéressante. On m'a adoptée à Ouaga, ce n'est pas dans mon pays que je pense être reniée A.+ : De quoi est-il question dans le film "Fanta" ? J. B-T. : C'est l'histoire d'un couple mixte qui a beaucoup de problèmes. Surtout financier. Quand il n'y a pas d'argent, c'est la dispute. On se bat ardemment pour s'en sortir. A.+: Pourquoi le titré "Fanta" ? J. B-T. : Parce que l'épouse est sénégalaise. De ce fait, je ne peux pas l'appeler Onobiono, Cela va faire trop camerounais, (Rire soutenu) A.+ : A votre avis, le cinéma camerounais a-t-il un avenir ou se meurt-il ? J. B-T. : Lorsque quelque chose se meurt c'est qu'elle a vécu. Nous on n'a même pas encore commencé à faire le cinéma. Je ne vois pas comment le cinéma camerounais va mourir. Ne peut mourir que ce qui existe. Pour l'essentiel, je ne suis pas pessimiste par rapport au cinéma camerounais et africain en général. Je pense que le cinéma camerounais n'est pas dans le passé. Il va exploser, car il n'a même pas encore commencé. C'est vrai qu'on ne tourne pas Parce qu'il y a énormément de problèmes à résoudre. Il faudrait qu'on ait une politique cinématographique, faute de quoi rien ne pourra avancer. Aurore Plus : Quel cinéaste camerounais à votre avis doit être cité en référence ? J. B-T. : A mon avis, le plus grand cinéaste, c'est Dikongué Pipa. Cela n'engage que moi et je l'assume. Je le dis, même si on me le redemande. Dikongué Pipa est le plus grand. Je le souligne en gras. C'est un Monsieur. Nous n'en avons pas encore fabriqué qui lui ressemble, Je parle tout simplement de son vieux film "Muna Moto". Pour moi, c'est un chef d'oeuvre. Il est cité en exemple de par le monde. A.+ : Que pensez vous des jeunes loups du cinéma camerounais. Jean-Marie Teno par exemple ? J. B-T. : Tous ce sont des amis, Jean-Marie Teno, Jean-Pierre Bekolo, François Woukouaché, S'ils ont aussi vu Muna Moto, je suis sûre qu'ils sont du même avis que moi, que c'est un chef d'oeuvre. A.+ : Votre film Fanta", qui l'a financé ? J. B-T. : "Fanta" a été entièrement financé par ma propre production Je me suis battu pour produire ce film, Simplement parce que je m'ai pas eu d'aide comme les autres. La Coopération française ne m'a pas soutenue parce qu'il y a des Camerounais bien intentionnés, plus intelligents que les autres et vont chez les financiers dire que c'est eux, pas les autres. Mais cela ne m'a pas empêchée de faire mon film. Je n'ai pas nécessairement besoin de ces financiers pour faire mon film. "Fanta", c'est un petit film que j'adore. Il n'a eu besoin que de 300 millions de francs CFA pour être réalisé, Pour un long métrage, c'est absolument insignifiant. Il a fallu que beaucoup de gens qui croient en ce que je fais et qui me supportent, m'aident à produire ce filma. A.+ : Etes-vous encouragée à réaliser un autre film ? J. B-T. : Oui ! Je suis encouragée par le Burkina Faso. qui pour mon second film a signé un contrat de coproduction C'est un très grand encouragement. J'espère que mon pays, le Cameroun fera mieux. Que ce soit un autre pays qui m'encourage, je crois que le Cameroun devrait emboîter le pas obligatoirement, A.+ : Est-ce facile pour une femme de réaliser un film ? J. B-T. : Qu'on soit homme ou femme c'est les mêmes difficultés pour boucler un budget, pour réunir une équipe technique, pour une bonne post-production, pour un bon lao. Femme ou homme, c'est égal au cinéma A.+ : Jusqu'à avant vous, on ne connaissait que Cita Beyala comme Camerounaise dans le cinéma. Ce nom vous dit-il quelque chose ? J. B-T. : J'entend parler d'elle. Je ne l'ai pas encore rencontré. Quoiqu'au Fespaco 1999, un garçon est venu vers moi et m'a dît que c'est Cita Beyala qui lui avait dit que j'étais Camerounaise A l'occasion, j'avais bien voulu la voir, mais elle n'était plus là. Elle était dé,jà partie. J'aimerais bien la rencontrer, cette dame, A.+ : Que pouvez vous dire à ces jeunes Camerounais qui aujourd'hui veulent faire du cinéma ? J. B-T. : C'est un métier très difficile, Il faut beaucoup de persévérance, Mais c'est un métier comme un autre, On peut arriver à le faire si on frappe à de bonnes portes, si on apprend vraiment le métier. Car il est dur et plein d'émotion, Véritablement. je dis aux jeunes que lorsqu'on veut faire un métier, on a des références. Je voudrais que d'ici quelques temps, que les jeunes lorsqu'ils regarderont mon film, qu'ils disent vouloir faire comme Joséphine Bertrand- Tchakoua. Je veux être comme elle. Ainsi je les aurai aidé, Parce que être une référence c'est pas dejà facile, Si on arrive à devenir une référence, on va inciter beaucoup de gens à faire le métier. Donc, c'est-à-dire, quelqu'un qui leur donne l'envie de faire le métier. Ils ont des références, des gens qui viennent de l'extérieur, Mais, il leur faut des références au sein de leurs compatriotes. | ||
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