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Joséphine Bertrand Tchakoua, réalisatrice de "Fanta"

 

Le coeur à lui seul
peut-il suffire dans le cinéma ?

 

Ouagadougou est la capitale du cinéma africain et ce n 'est pas Joséphine Bertrand Tchakoua qui dira le contraire. Son premier grand film "Fanta " était à l'affiche le week-end dernier Les amoureux de films africains ont eu l'occasion dans "Fanta " de découvrir la vie pas toujours gaie d' un couple mixte à Paris. Nous avons rencontré cette réalisatrice qui pense pouvoir changer quelque chose dans le cours du cinéma africain.

 

Le Journal du soir : Pourquoi votre film porte-t-il le nom "Fanta"

J.B.T. : Au début, le film s'appelait "Le photographe" , Mais j'ai trouvé que ce titre nétait pas joli et lai décidé de prendre Fanta' . lé nom de la comé dienne principale. C'est comme cela que le titré Fanta est venu et puis ça fait beau et on peut lé retenir facilement.

Le Journal du soir : Fanta retrace-t-il une partie de votre vie ?

J.B.T. : Ce film est très loin de ma vie actuelle. J'ai réalisé ce film pour rendre hommage à mon père qui était photographe artistique dans sa Jeunesse. L'inspiration m'est venue de là et c'est cela qui sé rattache un peu àma vie Tout le reste n'est que de l'imagination.

Le Journal du soir : Serait-il exact de penser que votre film symbolise la femmne africaine occidentalisée vivant en Europe ?

J.B.T. : Cela est exact parce que l'image que l'on colle àla femme africaine en Occident à travers les films ne reflète pas la réalité. Dans nos villages, nous trouvons. aujourd'hui dés femmes africaines qui ont les 2 cultures. Il est grand temps qu'on montre cet aspect. Le film présenté donc la femme africatne moderne quon essaye de mettre un tout petit peu de côté. Ces femmes sont les forces vivcs du continent et il serait judicieux de s'attarder sur leur façon de vivre. La femme africaine peut surfer sur le Web et piler après le mil. Elle sait faire les 2, c'est-à-dire concilier la tradition et le modernisme. Dans le film, j'ai montré cela à travers Fanta qui écrase. Ce n'est pas parce qu'on vit en France qu'on oublie notre tradition. On peut très bien piler le mil à côté d'un ordinateur.

Le Jourmual du soir : Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées pour la
réalisation de votre film ?

J.B.T. : J'ai cu beaucoup de chance parce que j'étais entourée de personnes qui ont cru en moi et qui m ont aidée. Ces personnes savent qu'après ce premier film, il y aura un second, Pour moi le film est universel, qu'on soit européen, asiatique. américain ou africain, il faut qu'on sé sente concerné en regar dant le film, Je ne fais pas de film éducatif, pour les ethnologues ou encore pour dés salles spécialisées. Les Africains sont capables de réaliser des films comme tous les autres réalisateurs du monde. Je ne vois pas pourquoi on veut les canaliser dans une façon de faire le cinéma. Fanta' est un film universel réalisé par une Africaine.

Le Jourmial du soir : Comment êtes-vous arrivée à concilier les rôles d'actrice et de réalisatrice dans un même film ?

J.B.T. : Il y a aujourd'hui beaucoup de réalisateurs qui sont des comediens. Le métier de réalisateur se fait surtout au départ et quand vous avez fini de donner toutes les indications le réalisateur peut jouer. Ceux qui ne peuvent pas le farre sont peut-être cameramen ou n'ont pas fait un travail de réalisation au préalable. Mais pour jouer, il faut être aussi une comédienne,

Le Journal du soir : Pourquoi avez-vouts choisi le Burkimua pour commencer la promotion de votre film ?

J.B.T. : Après Ouagadougou j'irai au Cameroun et ensuite je ferai le tour dc l'Afrique. J'ai choisi Ouagadougou comme première escale pour des raisons personnelles. Ouagadougou m'a beaucoup encouragée de manière directe ou indirecte dans le métier. Le film était présent au dernier FESPACO et la réaction du public a été très positive e et celà m'a encouragé à revnir à Ouaga,

Le Journal du soir : Comment êtes-vous arrivée au cinéma ?

J.B.T. : Depuis l'enfance je nourrissais l'envie de devenir cinéaste.D'ailleurs, je suis passée pour la première fois devant une caméra à 1'âge de 7 ans. J'ai commencé à jouer très jeune dans les pièces de théâtre et je me suis finalement jetée d ans la réalisation parce que je ne trouvais pas l'écriture du cinéma qui me convenait..Alors j'étais obligée de prendre des cours de réalisation de cinéma et écrire des films où je peux jouer temps en temps. Le cinéma est aussi un moyen d' expression et dc communication qui touche toutes les couches sociales. C'est le meilleur moyen de faire passer un message. J'ai fait aussi de la musique mais je trourve que celà est restreint par rapport à ce que j'aimerai faire passer comme message. Je l'ai fait pour m'amuser et non pour en faire une carrière.

Le Journal du soir : Que voulez-vous que le public retienne de Fanta ?

J.B.T. : Je voudrais que le public retienne que les réalisateurs africains peuvent faire des films qui ne reflètent pas ce qu'on a l'habitude d'appeler "film africain". Et cela sera ma ligne dans la profession. Je ferai des films universels qui peuvent être transposés partout dans le monde. Je n'ai pas de leçon à donner à un public parce qu'il en existe plusieurs dans un film.

Le Journal du soir : vous avez l'air constipée alors que votre film est traversé par une bonne dose d'humour ?

J.B.T. : Je joue la sérieuse parce que je suis avec des journalistes (rires). Quand on dev ient une personnalité publique, on doit abandon-ner certaines choses. Sinon. j'aime beaucoup rire. Je ris beaucoup quand il le faut. Il \a dc comédiens-réalisa-teurs qui sont en réalité très timides dans la vie, mais quand il s'agit de notre tra-v ail, ce ne sont plus les mêmes personnes On fait bien la part dcs choses.

Le Journal du soir : Sur quoi sera basé votre prochain film ?

J.B.T. : Si tout va bien je vais commencer à tourner dans 8 mois mon prochain film en Afrique qui scia complètement différent de Fauta. Il portera sur I'amour d'une fille vis-a-vis de son père et de son village. Il s'agit d'une princesse africaine qui cst artiste et qui a un rendez-vous pour la signature d'un contrat pour partir aux Etats-Unis. Mais son père qui cst chef du village est giavement malade. Elle se trouve dans un dilemne entre aller aux Etats-Unis pour poursuivre sa carrière et rester au village pour remplacer son père puisqu'elle cst l'unique fille. Mais il se trouve que dans ce village, les femnies ne deviennent pas chefs. Pendant qu'elle retournait au village, elle tombe sur une femme européenne qui cst enceinte. Elle décède après accouehement mais elle a eu le temps de demander une promesse à la princesse en lui demandant de prendre son fils et de l'éduquer comme le sien. Elle se retrouve au village avec un enfant blanc qui doit normalement être chef et cela va créer pas mal d'étincelles.

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