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Fanta ou comment lamour aide dans la galère Ce n'est plus le fait d'être blanc ou noir qui est interrogé, c'est le couple comme élément constitutif de la socialité
Les premières images dun créateur traduisent toujours les circonstances dans lesquelles il fabrique son film. Celui de Joséphine Bertrand Tchakoua ne semble pas échapper à cette règle: un synopsis intègre et générique : le couple. Des images parfois tendres et hésitantes. Une critique féroce de la presse camerounaise. Suzanne KAPA-LOBE La galère ou la crise plus globalement font-ils exploser un couple? Ou qui de lamour ou de la crise délite plus les relations humaines ? Quest-ce qui fait que deux êtres saiment, tissent des rapports amoureux et que cette qualité humaine de la relation à lautre, survive par delà les conditions objectives dans lesquelles cet amour se déroule? Ce sont lâ les questions du film de la jeune cinéaste camerounaise Joséphine Bertrand-Tchakoua. Qui a fait ses classes au cours Florent, qui a pris le temps dapprendre les techniques de la cinématographie et qui bien sûr, comme toutes les élèves, tente dans son premier film de cumuler tous les éléments de son apprentissage. Elle se détachera cependant un peu, en proposant à nouveau ces questions sur les amours mixtes. Ces couples dominos. Mais regard nouveau, ce nest plus la mixité qui est un problème. Mais le couple qui est mis en examen, dans sa complexité, sa dualité, sa capacité dexclusion ou de fusion. Ce nest plus le fait dêtre blanc ou noir qui est interrogé, cest le couple comme élément constitutif de la socialité... Ainsi, des questions quasi ordinaires et séculaires, reviennent sous la caméra dune jeune femme de caractère qui se lance à la conquête dun univers complexe. Elle le fait avec des interrogations sur une certaine relation de causalité qui a toujours été établie entre la crise et la solidité des liens dans un couple. Qui sera vainqueur de lamour ou du chômage, sur le couple? Questions lancinantes, récurrentes. et questions quI pourraient à nouveau relancer le débat sur une des fonctions heuristiques du cinéma : lart daccoucher les esprits en les divertissant ou la technique du divertissement comme absolu esthétique. Le film de Joséphine Bertrand-Tchakoua résume ces interrogations avec une certaine justesse. Entre lamour et la crise : il y a match? Lhistoire pourrait commencer ainsi avec cette phrase en exergue et continuer par : Un couple dans un quelconque pays dEurope. Ou dans nimporte quel autre pays, où la mixité et le métissage ne sont pas les tendances dominantes. Une noire et un blanc saiment.. Et vivent dans la galère. Quoi de plus normal alors que ce fait divers là, cette quotidienneté des gens, ne soit lépicentre dune réalisation, la première, dune jeune cinéaste qui regarde la société humaine à travers le prisme des deux monde quelle affronte ? LAfrique et lEurope.
Fanta est le tout premier long métrage de Joséphine Bertrand Tchakoua Un film qui sort en avant-première au Cameroun et depuis le 24 novembre. Si le synopsis du film indique une thématique articulée entre la construction dun scénario et le caractère des personnages, Joséphine Bertrand Tchakoua affirme avoir utilisé les techniques de construction des conclusions àlaméricaine.. Son film est lisible, et conduit à une conclusion fermée... Que devient le couple après ces expériences èchelonnées de la vie? Contestée pour la mauvaise qualité technique de son Ïuvre, critiquée parce quomniprésente dans son film. Joséphine Bertrand Tchakoua continue courageuse son travail.. Celui dune jeune cinéaste qui fait ses premiers pas dans un univers où la cinématographie africaine na pas fondamentalement changé. Entrée dans les logiques universalistes et normatives de lindustrie mondiale du cinéma. le regard sur les nouvelles cinématographies reste conditionné par la culture du zapping et des séries américaines. Du coup lorsquun film sort, les défauts de la technique deviennent les fondements essentiels dune critique esthétique qui souffre dune immense approximation. Mais il est vrai que le métier dartiste et la création sont des domaines exposés. Ici, comme ailleurs, le jugement critique du journaliste apparaît comme le fondement même de loeuvre. Alors chacun y va de son savantissime, de son coup de griffe, expliquant comment et pourquoi Joséphine Bertrand Tchakoua aurait dû faire un autre film... Le public pourra juger sur pièce. à Douala. Comme il a la accueilli avec sympathie àYaoundé. Le film sort le 8 décembre au Cinéma le Bonapriso.
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