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Une réalisatrice camerounaise préoccupée par l'avenir des films africains
Yaoundé, Cameroun (PANA) - La réalisatrice camerounaise Joséphine Bertrand Tchakoua a invité les professionnels africains du cinéma à "prendre en main l'avenir de leurs films", estimant que la dépendance vis-à-vis des organismes de financement étrangers est l'un des obstacles à leur épanouissement. Mme Tchakoua, qui s'exprimait ainsi dans un entretien accordé jeudi à la PANA à Yaoundé, est l'auteur de Fanta, son premier long métrage, qui sera sur les écrans de la capitale camerounaise samedi avant de faire son entrée dans les salles de Bangui, Libreville, Cotonou, Bamako, etc. "La plupart des films financés ne se commercialisent pas bien", a-t-elle regretté, soulignant qu'il est urgent de "faire du filmafricain une véritable industrie". C'est dans cet esprit qu'elle a dit avoir "accouché" de Fanta, son "premier bébé" avec lequel elle a participé, début août 2001, au Festival panafricain du film de Ouagadougou (FESPACO). "La réaction du public ouagalais m'encourage à me jeter davantage à l'eau", a indiqué Joséphine Bertrand Tchakoua, précisant que son film a été projeté quatre fois à ce rendez-vous continental du film, au lieu de trois comme initialement prévu par les organisateurs. "J'espère que mes compatriotes camerounais réserveront le même accueil à Fanta", a-t-elle souligné, regrettant le fait que sans avoir vu le film, certains journalistes lui aient reproché d'en avoir fait "un film facile et plein de trucages". Répondant à la presse au cours d'une conférence donnée à Yaoundé mercredi, Joséphine Bertrand Tchakoua, qui se dit admiratrice de l'actrice noire américaine Pam Grier, a rassuré son auditoire sur les précautions prises par son équipe de tournage pour réaliser ce film qui lui a coûté 300 millions de F CFA (environ 398.000 dollars US). "Certes, je suis informaticienne. Je fais de la musique assistée par ordinateur, mais mon film n'a pas été truqué", a affirmé cette bachelière (elle est titulaire d'un baccalauréat A4), révélant qu'elle n'a pas les moyens de procéder à un tel jonglagecompte tenu du coût élevé que cela implique. "Nous avons travaillé dans des conditions difficiles. Parfois, nous passions des nuits blanches, car il fallait aller jusqu'au bout. Nous avons pu le faire en deux semaines, parce que nous n'avions pas les moyens de tourner pendant trois, six mois ou plus comme le font certains", a ajouté l'auteur de L'image du Cameroun, un documentaire de 26 minutes tourné dans les provinces de l'Ouest, du Littoral et de l'extrême Nord du pays entre 1995 et 1996. Fanta est une fiction qui s'inspire de la réalité dans la plupart des pays du continent et du monde. Le film met en lumière les difficultés d'un couple franco-sénégalais en proie à une galère invivable. Lucas, le mari, photographe de nationalité française, a du mal a joindre les deux bouts, alors que Fanta, la femme sénégalaise, affronte les ingérences d'une belle-sour dans sa vie conjugale. Cette dernière multiplie les scènes de jalousie et autres disputes, qui déstabilisent quelque peu Fanta, l'héroïne dont lerôle a été interprété par Joséphine elle-même. "C'est un film ouvert qui se refuse à toute forme d'étiquetage", commente Mérimé Padja, directeur de publication et rédacteur en chef de Sud-Plateau, un trimestriel spécialisé sur le septième art. Fanta est un film africain, juste parce qu'il porte la nationalité de son auteur, ajoute-t-il, se réjouissant d'avoir eule plaisir de le visionner lors de la première projection au récent FESPACO, à Ouagadougou. "Joséphine n'a pas encore atteint la maturité, mais elle a beaucoup d'énergie, de volonté et d'enthousiasme qui luipermettront d'aller très loin", ajoute Mérimé Padja, qui soutient que la jeune réalisatrice, qui fêtera ses 38 ans le 24 décembre 2001, est l'une des rares femmes camerounaises à avoir fait un film. Après Fanta, Joséphine Bertrand Tchakoua, déjà présente au FESPACO en 1997 avec Un mariage riche en couleurs (un court métrage) n'entend pas observer une parenthèse comme ce fut le cas il y a quelques années, lorsqu'elle cessa de chanter. "Je souhaite faire plus. Je n'atteindrai mon but qu'à mon cinquième long métrage. C'est maintenant que le vrai travail commence", confie Joséphine Bertrand-Tchakoua, passionnée du cinéma et du théâtre qu'elle pratiquait depuis une enfance qui l'a conduite de Bangui (Centrafrique) où elle est née (d'un père camerounais et d'une mère centrafricaine) à N'Djaména (Tchad) où elle a poursuivi sa scolarité, puis à Douala (Cameroun) où elle a achevé son adolescence. Dans son parcours professionnel, Joséphine, aujourd'hui installée à Paris où elle est mariée à un Français, a dû céder à la volonté de certains membres de sa famille qui ont empêché cette comédienne de jouer, à l'âge de 13 ans, dans Le prix de la liberté de Dikongué Pipa. Pour autant, elle n'avait pas perdu espoir pour l'avenir. Encouragée par son compatriote Dikongué Pipa, qui lui a permis de décrocher, à 19 ans, son premier contrat professionnel avec une équipe de la chaîne de télévision française Antenne 2, alors en tournage au Cameroun, elle dit être aussi reconnaissante au réalisateur Luc Besson, qui lui a prodigué des conseils utiles au moment où elle se disait que "le métier de réalisateur est sans lendemain en Afrique". Joséphine Bertrand Tchakoua, qui poursuit ses études au Cours Florent à Paris après avoir été à l'Ecole Supérieure de spectacle de la même ville entre 1995 et 1996, croit finalement en l'avenir du film africain et du cinéma en général. "Plus qu'art, il s'agit d'un moyen de communication. Le cinéma est un outil dont je n'hésiterai pas à me servir pour dénoncer les maux qui minent notre continent", a-t-elle expliqué à la PANA, soulignant que pour le moment elle n'est pas encore bien préparée pour traiter des sujets sensibles.
Yaoundé - 22/11/2001 | ||
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